Un après-midi, après avoir vu tout le succès de la sublime Lysandre Nadeau avec l’ouverture de son compte OnlyFans, je me suis mise à réfléchir. C’était en pleine pandémie, lors du premier confinement. Je n’étais pas en manque d’argent, si c’est que vous pensiez. Ce n’était pas par désespoir financier que j’allais créer ce compte sur une plateforme que plusieurs méprisent, dorénavant. En plus, ce n’est pas comme si j’avais la même popularité que la belle en première ligne… mais moi, maman dans la trentaine et enseignante, j’avais envie de me lancer, les yeux fermés.
Il faut savoir que j’ai longtemps été de celles qui jugent. Ça m’a pris du temps avant de vraiment comprendre qu’on avait le droit à notre corps. Le droit de l’exposer, ou pas. J’ai longtemps été membre des mauvaises langues; des langues fourchues qui médisent sur celles qui montrent un leurs fesses sur les réseaux. Était-ce par envie? J’aimerais pouvoir dire que la réponse est aussi simple, mais ce n’est pas le cas. Je pense qu’il y a une différence une photo vulgaire et une photo sensuelle.
À travers la nudité, je vois maintenant mille spectres différents. Ce sont souvent de magnifiques photos criantes de vérité. De féminité. De force.
Quelques précisions sur OnlyFans
On a tendance à croire que ces photos sont faites expressément dans le but d’exciter l’auditoire. Que ces femmes qui s’exposent ne souhaitent qu’imaginer la salive s’écouler de la bouche des hommes, incapables de la tenir fermer devant trop de volupté. Comme si elles étaient toutes habitées d’une esprit libidineux incontrôlable…
Ou encore, comme je l’ai trop souvent entendu, on croit que ces femmes qui montrent leur corps sur OnlyFans sont l’équivalent de prostituées. Peut-on parler de travail du sexe? Oui puisque pour avoir accès à l’intimité corporelle de ces femmes, il faut verser une somme d’argent, entre 5$ et 50$. Toutefois, l’utilisation des termes « putes » et « prostituées » n’ont pas lieu d’être. Ils sont péjoratifs et amènent à avoir une vision négative des femmes qui choisissent d’exposer leur corps selon leurs propres conditions. Le bon terme est : travailleuses du sexe. Puis, le travail du sexe ne s’arrête pas uniquement aux femmes qui offrent des services sexuels aux coins des rues. On parle de travail du sexe lorsqu’on parle d’escortes, de danseuses érotiques, de figurantes dans un film pornographique, de téléphones roses, de services de domination, etc.
Ce qui est important de retenir lorsqu’on pense à OnlyFans, c’est la notion de consentement. Ces femmes* ne sont obligées à rien. Elles ont le contrôle sur leur image. Elles choisissent ce qu’elles proposent et mettent les limites qui leurs conviennent. Si elles ont envie de faire de la photo érotique sans être complètement nues, elles peuvent. Puis, si elles sont à l’aise d’être complètement nues, elles le font. Ce sont leurs propres conditions. De plus, l’idée d’avoir une plateforme ciblant ce type de contenu permet d’éviter à plusieurs mineurs de tomber sur des photos explicites durant leur exploration de d’autres réseaux sociaux. Évidemment, je ne suis pas naïve et je sais que les sites pornographiques pullulent. Malgré tout, OnlyFans a du succès. Peut-être est-ce aussi parce que la plateforme permet de discuter avec ses abonnés. C’est une nouvelle interactivité où les gens peuvent nourrir leur solitude.
OnlyFans & moi
Comme je le disais en début de texte, un après-midi de pandémie, j’ai eu envie de me lancer. Petite inconnue pour la grande majorité des utilisateurs de réseaux sociaux, je savais que je n’aurais pas le succès que ces influenceuses qui s’y inscrivent. Malgré tout, certains évènements récents avaient fait en sorte que je ressentais le besoin de me redécouvrir. De me réapproprier mon image, ma personne et l’amour que je me porte.
Ça peut sembler saugrenue d’avoir l’idée d’exposer ainsi sa vulnérabilité afin de retrouver une certaine… force. J’étais déjà une passionnée de photographie et j’avais envie d’explorer ma sensualité. J’avais envie de me sentir désirable à travers ma propre lentille; à travers mon propre regard.
Puis, j’ai eu un déclic. Un déclic qui m’a fait comprendre que j’avais tellement méprisé une chose sur laquelle je n’avais aucun droit de regard : le corps des femmes. Ces femmes étaient, et demeurent, seules propriétaires de leur habitat de chair. Je jugeais ce qu’elles en faisaient alors que là, la poitrine nue face à mon appareil photo, je me sentais si forte.
Maîtresse de mon royaume.
J’ai trouvé ça tellement « empowerant » d’ainsi libérer ma sexualité et ma féminité. Être femme en entier. Toute en vulnérabilité, douceur, intelligence, sensibilité, sexualité et force. Un tout qui m’avait échappé jusque-là.
Je mentirais si je disais que j’avais vécu cette expérience avec totale transparence. Vu le métier que j’occupe, je ne pouvais me permettre d’afficher au grand jour cette exploration enrichissante. Épanouissante. Aussi, bien que je me sois sortie de mes propres idées préconçues, j’étais consciente qu’elles continuaient de vivre dans l’imaginaire de plusieurs amis et connaissances.
J’ai fait de cette liberté, mon secret.
* Mon texte parle de femmes, mais il y a des hommes qui utilisent ces plateformes aussi, et tout cela s’applique à eux, aussi.
J’aimerais vraiment avoir le lien du OF 🙈