speed-dating

Il y a quelques années de cela, j’ai vécu une rupture plutôt difficile. Vous savez, le type de rupture qui résonne dans le quotidien, apportant maints changements nécessaires pour conserver la tête hors de l’eau.

Les films hollywoodiens nous enseignent comment guérir notre cœur brisé habituellement grâce à ces deux options :

Se quérir d’un pot de crème glacée dont on se délecte à même celui-ci, armée de notre cuillère et notre tristesse.

Sortir avec ses amies de fille et boire comme s’il n’y avait pas de lendemain.

Toutefois, comme ma séparation concordait presque exactement à la naissance de mon fils, je n’ai ni cuvé ni dévoré ma peine. J’étais plutôt en mode découverte de ce nouveau rôle qui me comblait autant que m’angoissait.

Près d’un an plus tard, je suis tombée sur une publicité annonçant un événement bien spécial, faisant encore une fois appel à mon amour des clichés : une soirée de speed-dating. Je m’imaginais déjà voir les prétendants défiler de chaise en chaise, au son de la cloche. Je me suis dit qu’il s’agissait de l’occasion de célébrer cette année de célibat s’étant finalement avérée être un cadeau plutôt que la fin du monde ressentie, 365 jours avant.

Attention, je n’allais pas dans un speed-date pour me « matcher » avec n’importe qui à tout prix. En fait, c’était l’inverse : j’avais envie d’une soirée où j’allais rire et où j’allais pouvoir découvrir de nouvelles personnes… Puis, on ne sait jamais. T’sais, le destin.

J’allais fêter mon célibat !

L’idée que je me faisais de cette petite célébration n’était pas tout à fait exacte… : il n’y avait pas de petite cloche. Haha ! Par contre, il y avait, effectivement, une multitude de célibataires des deux sexes. Habillés chic… Puis, il y avait moi, vêtue d’un pantalon rose et d’un top à col bateau, laissant entrevoir mes épaules nues. Aux pieds, j’avais mes bottillons d’automne, malgré le froid de l’hiver. De toute évidence, il y avait un mémo que je n’avais pas reçu.

À l’époque, j’avais 24 ans. Après une analyse des candidats, j’ai rapidement pris conscience d’être une des plus jeunes de l’endroit. Heureusement, l’animatrice de la soirée annonçait au même moment que nous devions prendre place à notre table de départ (un numéro nous avait été attribué à l’arrivée), m’évitant ainsi d’overthink la situation.

Mon speed-date s’annonce plutôt mal : mon premier candidat est absent. Je me retrouve donc seule à ma table dès le départ avec comme seule consolation, un shooter pour trinquer avec l’absence retentissante de mon partenaire. Je regarde la petite carte qu’on m’a donnée à l’entrée. C’est un outil pour noter les points forts de mes rencontres et s’il y a quelques personnes avec lesquelles j’ai senti une chimie.

La suite de mes rencontres est un peu absurde. Je rencontre des hommes pour la plupart, pas mal plus vieux que ma jeune vingtaine. Des mordus de muscu, des techniciens en informatique, des spirituels… Un bel éventail de diversité ! Malgré tout, je réalise qu’avec ce temps limité, j’ai l’impression de devoir vendre une salade et je suis tellement, mais tellement maladroite ! Je me sens un peu mésadaptée, à dire vrai. Je me sens comme dans une de ces discussions sur Caramail (vous vous souvenez ?) qui débute par « ASV » et qui demeure immanquablement en surface.

Il ne faut pas se méprendre. J’ai passé une très bonne soirée, malgré tout ! Eh oh, je suis allée dans une soirée Speed-Dating, quand même ! J’ai même eu un match, au final. Je l’ai su en recevant un courriel qui mentionnait qu’un des noms que j’avais écrit sur mon carton avait aussi écrit le mien. Mais vous savez quoi ? On ne s’est jamais contacté.

Ce n’est jamais facile de faire le deuil d’une relation, et à chacun à sa manière, de faire face à la musique. Moi, j’avais déjà beaucoup pleuré et je n’ai jamais été du type de l’ex-vengeresse qui crève les pneus de voiture (un autre fabuleux cliché cinématographique). Quoique je n’ai rien contre la méthode; on soigne son cœur comme on le peut.

Pour ma part, mon cœur était guéri depuis un bon moment, mais c’était plutôt le retour d’une partie de ma féminité qui s’était tenue en retrait le temps de conquérir mon rôle de maman.

C’était la concrétisation officieuse de Kim : femme et maman.

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